Diplômé en Bande dessinée de l’École Supérieure des Arts Saint-Luc Liège, Ismaël Méziane, originaire d’Aix-en-Provence, annonce la sortie de son nouvel album Comment devient-on raciste ? en librairie pour le 5 mai 2021. Édité par Casterman BD, l’ouvrage illustre l’expérience vécue par Ismaël en 2017. L’album entremêle savoir et émotions pour susciter une prise de conscience, qui reste malheureusement plus qu’utile aujourd’hui.

 

Qu’est-ce qui t’a motivé à t’inscrire à l’ESA Saint-Luc Liège ?

Je me suis inscrit en 2008 dans la section BD suite à mon attachement pour les arts graphiques. Il existe à Aix-en-Provence une communauté d’auteurs de bande dessinée qui me fascinait beaucoup. Par ailleurs, je suivais les cours du soir de bande-dessinée donnés par Éric Cartier.

 

En tant qu’étudiant français, comment as-tu vécu l’expérience Saint-Luc ?

Je garde beaucoup de souvenirs stimulants de mon époque à l’ESA. Je me souviens de plusieurs de mes professeurs de ma promotion, en particulier Éric Warnauts. Ma classe était fantastique et nous avions une bonne émulation qui nous a permis d’être tous très proches. Je m’entendais aussi particulièrement bien avec des étudiants en Illustration. Entre amis, nous allions soit dans des cafés soit dans nos kots pour discuter de BD, de films, pour dessiner ou pour avancer et s’entraider dans les travaux. J’ai également vécu des moments plus mélancoliques. Par exemple, en dernière année, je n’ai pas pu retourner chez mes parents lors de la fête de Noël. C’était aussi le cas pour d’autres amis venus étudier en Belgique depuis l’étranger ; du coup, nous avions passé les jours de fêtes ensemble.

 

As-tu une anecdote à nous donner ?

Je n’oublierai jamais la fois quand Monsieur Hubert, assis à une table d’un café avec une bière, m’a dit « Arrête de faire tes devoirs ». Il insinuait par là « fait ce que tu aimes, et aime ce que tu fais » Les travaux scolaires doivent procurer du bien et du plaisir.

 

Peux-tu nous parler de ton TFE ?

Le thème de mon TFE était inspiré de Batman. Il est d’ailleurs consultable en ligne sur mon blog. Je l’ai réalisé dans l’envie de concevoir un projet publiable. Suite à la validation du sujet par les profs, j’ai pu creuser l’idée. À l’époque, je voulais évidemment impressionner et obtenir la meilleure note. Les retours des profs étaient excellents et encourageants. J’avoue que j’avais dépassé les limites des consignes… En soi, nous devions faire 10 pages et j’en ai fait 20. Les profs ont tout de même accepté mon excès et j’ai eu le meilleur résultat de la classe et mon projet fut exposé parmi la sélection « prestiges » de l’école à l’expo de fin d’année. Dix ans plus tard, je ne me verrai plus travailler de la sorte : à vouloir impressionner, j’avais perdu de l’impulsivité et du plaisir.

 

Ton actu, c’est la sortie de Comment devient-on raciste ?, qu’y évoques-tu ?

L’album fait référence aux sciences humaines vu que je m’y suis intéressé avec le temps. Il évoque la mécanique du racisme intellectuel, psychologique et sociétal. Pour vous éclairer rapidement, il s’agit d’expliquer la mécanique de catégorisation, de hiérarchisation et d’essentialisation propre au racisme. Notre but était d’expliquer comment et pourquoi l’on peut mettre des gens dans des cases, leur donner une valeur, et leur accoler des caractéristiques indélébiles. J’ai été confronté à plusieurs reprise à cette problématique…

 

 

Pour préparer cet album, tu as collaboré avec Evelyne Heyer et Carole Reynaud Paligot…

Evelyne est chercheuse en anthropologie et Carole historienne. Elles sont à l’origine de l’exposition Nous et les autres, des préjugés au racisme au Musée de l’Homme à Paris que j’ai beaucoup appréciée. Leurs recherches offrent un appareil critique et autocritique qui permet de désamorcer les préjugés.

 

Pour conclure, as-tu des conseils à donner aux étudiant·e·s ?

J’en ai énormément. Le premier est d’avoir une discipline quasi-militaire : faire des croquis, du storyboard, de la couleur comme un sportif de haut niveau fait son footing, ses abdos et ses étirements. Le second est d’aller vers les professeurs parce que ce sont des professionnels du métier. Donc c’est à travers eux que vous apprendrez le mieux. Et surtout, amusez-vous tout le temps parce que cela se ressent dans le résultat du dessin et de la lecture !

 

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@meziane_ismael

 

Une interview réalisée par Mey SCHMITZ,
stagiaire au sein du service communication